Le stockage dans l’agriculture biologique est un point crucial lors de la conversion. En conventionnel, il est habituel de faire enlever la production en bout de champs ou de faire partir rapidement le produit au silo voisin. Mais dans le bio, la situation est plus complexe. Tous les silos n’ont pas de partie dédiée à accueillir de la production biologique, le maillage entre agriculteur est peu dense et il n’est pas aisé de faire du stockage en commun. De plus, un intérêt économique se présente pour les producteurs bio, stockeurs, devenant maître du prix de leur production.

Quels sont les éléments à prendre en compte avant de réaliser son stockage ?

Afin de choisir le stockage qui correspond au mieux à ses besoins, il est essentiel d’identifier les différents points qui vont influencer ce dernier :

Les produits à stocker :

  • Évaluer la quantité de chaque produit
  • Connaître leurs diversités
  • Avoir connaissance des spécificités des produits (besoin de sécher, décortiquer, calibrer, trier…)

Le temps de
stockage :

  • Le stockage court (jusqu’en automne)
  • Le stockage long (jusqu’au printemps suivant)
  • Le stockage de report (un an et plus)

L’objectif et la destination de la production :

  • Autoconsommation animale
  • Vente pour l’alimentation animale
  • Vente pour alimentation humaine

Faciliter son stockage dès la moisson

stockage dans l'agriculture biologique après moisson-ActiveBio-négociant-en-céréale-bio Lors d’une conversion, s’il y a déjà un stockage existant à la ferme, ce dernier devra subir des modifications et être repensé. En effet, en passant l’exploitation en bio, le nombre de produits cultivés risque d’augmenter avec le système de rotation et le volume de chaque culture va diminuer. Dans le bio, il est conseillé de favoriser plusieurs petits stockages, à un stockage unique à grande capacité.

Afin de facilité son stockage dans l’agriculture biologique et de limiter les risques de germination, de développement de mycotoxines ou la présence d’insectes, il est nécessaire de stocker un grain mûr et sec (moins de 14,5 % d’eau pour les céréales et protéagineux et 9% maximum pour les oléagineux). Pour cela, le conseil de base est de récolter au moment le plus judicieux, c’est-à-dire lorsque le grain est en maturité, par temps sec, à partir du milieu de journée, pour éviter la rosé du matin.
Tous ces éléments sont à prendre en considération car ils peuvent influencer la qualité de la production notamment au niveau du taux d’humidité. En conséquence la valorisation de la graine peut être impactée, comme par exemple lorsque le blé est classé en fourrager au lieu de passer en meunerie. L’objectif est donc de récolter un grain en-dessous de 14,5% d’humidité. Au-dessus, s’exécuteront des frais de stockage.

Stockage à plat ou cellule ?

Le stockage à plat :

stockage dans l'agriculture biologique - dalle à plat

Stockage à plat – SCEA Guichardot © Olivier Foisnon

Le stockage à plat est surement la solution la plus simple à mettre en place. Mais il demande une grande surface. Il est généralement moins cher et plus modulables que le stockage en cellule. Une dalle de béton sous hangar peut servir à autre chose hors période de stockage, contrairement aux cellules. Cependant le stockage à plat possède certains inconvénients. Il est nécessaire de protéger la plateforme des oiseaux et des souris avec une excellente étanchéité au niveau de la toiture et des portes.

Attention, le stockage à plat comporte le risque de retrouver des résidus de béton dans le grain. Des précautions sont à prendre, notamment lorsque le stockage sert d’entrepôt pour le matériel entre deux récoltes. Il faut éviter les chocs au niveau de la dalle et le risque de fuite de graisse (carburant, huile) qui pollueraient la prochaine production.

Le stockage en cellule :

stockage dans l'agriculture biologique -cellules ventilées

Cellule ventilée – EARL SEBAGRI
© Olivier Foisnon

L’avantage du stockage en cellule est l’automatisation du remplissage ainsi que la vidange et l’évacuation de la production. Les cellules permettent aussi la possibilité d’intégrer un nettoyeur à grain favorisant le passage de l’air de ventilation.
L’évolution de la température du grain sera mieux gérée en cellule grâce aux multiples capteurs placés dans la cellule. La production stockée en cellule est plus facilement refroidie que celle déposée en stockage à plat. Une dalle à plat nécessitera par exemple de réaliser des caniveaux dans le béton ou installer des gaines de ventilation hors sol.

Stocker proprement :

Éviter les insectes :

Le stockage doit être propre avant de recevoir le grain. Les insectes tel-que charançons, sylvains etc, n’arrivent pas du champ mais des installations de stockage. Bien évidemment, le traitement des grains dans le bio est interdit. Depuis le 30 septembre 2017 le traitement des lieux et éléments de stockages avec des produits PBO sont proscrits.
Afin de prévenir la présence d’insecte, le premier réflexe est de ventiler et refroidir le grain. En cas d’identification d’insecte vivant dans le lot, la solution pour traiter les locaux stockage en AB, est d’utiliser du Silicosec, une formulation de terre de diatomée.

 

Le trieur :

trieur-équipement-stockage-agriculture-bio

Équipement de stockage – Ferme de La Gauloise © Olivier Foisnon

L’intérêt de trier sa production est d’éliminer les impuretés. Sur une production contractualisée, il est demandé un taux d’impureté en-dessous de 2 %. Le trieur permet également de séparer les graines d’un mélange. L’investissement d’un trieur, sera un plus pour commercialiser et valoriser les productions.

Le séchoir :

Pour optimiser son stockage, il est possible d’investir dans un séchoir ventilé. Ceci permettra de baisser la température du grain. Il est conseillé :
– premières nuits fraîches après récolte : refroidir à environ 20°c
– en septembre-octobre : refroidir à 10 -12°c
– aux premiers gels : refroidir à 4-5°c surtout si le stockage est appelé à se prolonger