Extrait de l’article de Marion Cosne, Agrodistribution de mars/avril 2024

Plus préservées jusqu’à présent que les productions animales, les grandes cultures bio ont subi de plein fouet la crise en 2023. Les stocks s’accumulent, le ciel ne se dégage pas côté débouchés. Mais les opérateurs continuent de croire dans l’agriculture biologique et, en attendant une embellie, ils s’organisent. Au programme, maîtrise des charges et des investissements, accompagnement des producteurs sur les assolements, et quête de nouveaux débouchés. Côtés approvisionnement, la crise se ressent aussi sur les achats.

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Rééquilibrer le marché, un défi.

Le salut du marché dans un rééquilibrage de l’offre et de la demande. Côté offre, des surfaces sont mises en retrait, voire déconverties, et des volumes déclassés. Côté demande, coopératives et négoces misent sur des cultures plus porteuses en attendant une reprise de la consommation.
logo-ab-certifie-agriculture-biologique- ActiveBio négociant en cérale bio

De nouvelles habitudes à prendre

Coopératives et négoces s’activent pour trouver de nouveaux débouchés, et adaptent leur façon de travailler. Chez le négoce Active Bio, Ludivine Quillec travaille avec des agriculteurs bio stockeurs de toute la France. Depuis un an, elle a vu la différence dans les achats de ses clients, industriels et éleveurs, en France. La société a réussi à tirer son épingle du jeu, mais avec de nouvelles habitudes à prendre : pas de gros volumes, mais des petites quantités au mois le mois. « Il n’y a pas de positionnement sur le long terme », observe la dirigeante. Elle a réussi à passer quasiment autant de volumes que les années précédentes, mais avec plus de travail et d’incertitude. « On y a mis toute notre énergie. Il ne faut rien lâcher, et être prêt dès qu’une opportunité se présente », analyse Ludivine Quillec.

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Les cantines : un marché potentiel de 2MDS€

Pour relancer la consommation, les opérateurs des filières bio lorgnent en particulier du côté de la restauration. De fait, le potentiel de consommation est là, car le secteur est bien loin des objectifs de la loi EGalim. Adoptée en 2018, elle impose aux cantines d’offrir à compter de 2022 au moins 50 % de produits durables, dont 20 % minimum de produits bio. La restauration collective privée des entreprises est également concernée depuis le 1er janvier 2024, la loi Climat et résilience d’août 2021 avant étendu la loi EGalim à ces restaurants.

D’après la dernière enquête menée par les services du ministère de l’Agriculture auprès des établissements inscrits sur la plateforme « ma cantine », le taux d’approvisionnement bio était de 13 %. Le chiffre a été donné le 7 décembre par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau à l’occasion du Conseil national de la restauration collective (CNRC).

Du côté de l’Agence bio, qui accompagne les professionnels sur le sujet, les données font état de 445 M€ de ventes en 2022 pour la restauration collective, contre 12 076 M€ au global, tous circuits confondus (hors restauration). Deux ans après la mise en vigueur de la mesure, la marge de progression reste notable. Le ministère estime que l’atteinte des objectifs EGalim par l’ensemble de la restauration collective représenterait un marché de près de 2 Mds€ supplémentaires pour l’agriculture biologique.

Lors du CNRC de décembre, Marc Fesneau a annoncé différentes mesures. D’abord, la publication d’une circulaire interministérielle en fin d’année 2023 « destinée à mobiliser l’ensemble des restaurants collectifs sous la tutelle des ministères et des préfectures ». Ensuite, le dispositif de tarification sociale, avec un reste à charge de 1 € maximum pour les familles les plus précaires, va évoluer et permettre un « bonus » EGalim pour les communes qui s’engagent à tout mettre en œuvre pour atteindre les obligations de la loi. Enfin, une « conférence des solutions » doit être organisée au 1er trimestre 2024, « pour valider une feuille de route destinée à lever les freins identifiés par les opérateurs ». Mais la loi ne prévoyant pas de mesures coercitives en cas de non-respect, beaucoup d’opérateurs restent sceptiques.

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